Alors que la COP 21 mobilise l’attention mondiale, les effets du réchauffement climatique sont déjà bien visibles… jusque dans nos jardins. La chenille processionnaire du pin, espèce urticante et invasive, profite pleinement de la hausse des températures pour s’implanter plus au nord, à des altitudes plus élevées, et prolonger sa période d’activité. Une situation préoccupante, renforcée par les températures exceptionnellement douces observées à l’automne 2015.
L’impact du changement climatique sur les espèces
Une faune et une flore en déséquilibre
Les variations de quelques degrés suffisent à perturber de nombreux équilibres naturels. On voit aujourd’hui des végétaux méditerranéens s’installer dans le nord de la France, ou encore des poissons tropicaux apparaître dans les eaux métropolitaines. Les vendanges, quant à elles, sont de plus en plus précoces.
Des cycles déréglés pour les espèces fragiles
Les espèces les plus sensibles à ces changements ne parviennent pas toujours à s’adapter. Certains insectes disparaissent, des essences d’arbres s’affaiblissent, et même les oiseaux migrateurs arrivent désormais trop tard pour se nourrir des insectes au moment où ils sont les plus abondants.
Un contexte favorable à la chenille processionnaire
Une avancée rapide et généralisée
Contrairement à d’autres espèces, la processionnaire s’adapte à merveille à ces nouvelles conditions. Depuis les années 2000, sa progression est spectaculaire : 65 % des collectivités sont désormais concernées.
Sur la façade atlantique, on observe aujourd’hui des processions dès le mois de novembre, parfois même en Côtes-d’Armor, une zone historiquement épargnée. Le climat automnal doux et humide favorise la multiplication de colonies, mais aussi une survie accrue et une maturation accélérée.
Un cycle de vie perturbé… et plus difficile à suivre
Les processions “décyclées” (en dehors du calendrier habituel) sont de plus en plus fréquentes. On peut désormais retrouver dans un même arbre des chenilles de 3 stades larvaires différents. Les jeunes chenilles rejoignent les colonies plus âgées pour survivre, formant des groupes hétérogènes qui ne suivent plus les rythmes classiques de descente et d’enfouissement.
Résultat : les processions deviennent erratiques, les chenilles se déplacent dans des zones inhabituelles, y compris dans les jardins privés, les haies, les abords de maison, ou même les terrasses.
Une lutte complexe, prolongée et régionale
Des risques sanitaires sur plusieurs mois
Dans certaines zones comme les Côtes-d’Armor, les processions s’étalent de novembre à avril. Cela signifie que les périodes à risque pour les humains et les animaux sont considérablement allongées, ce qui rend la lutte plus difficile à organiser et plus coûteuse à maintenir dans le temps.
D’autres régions impactées par ces décalages
Ces “anomalies climatiques” ne concernent plus uniquement les microclimats de la côte atlantique. On observe désormais les mêmes phénomènes en région toulousaine ou en Île-de-France.
Des températures anormalement douces à l’automne 2015
L’automne 2015 a été particulièrement chaud, favorisant une activité prolongée des papillons et donc une extension de la période de reproduction. Cette situation soulève une question : assistera-t-on bientôt à des émergences de papillons du mois de mai jusqu’à octobre ? Si tel est le cas, les stratégies de lutte classiques devront être entièrement repensées.
Une mobilisation collective indispensable
Face à ce fléau, l’adaptation individuelle ne suffira pas. Il est nécessaire de renforcer la coordination entre les particuliers, les collectivités et les professionnels. Car plus les cycles se décalent, plus la gestion devient technique et exigeante.
Et si la chenille processionnaire est le symptôme d’un dérèglement, elle n’en est pas la cause. Alors changeons ce que nous pouvons : nos habitudes de consommation, nos choix énergétiques, notre rapport à la nature.
Mobilisons-nous, chacun à notre échelle.